3) POSITION
Colère/traduction. C’est là qu’on arrive à la colère comme outil de création.
La colère est bonne conseillère. La colère m’indique l’injustice. La colère est ce qui me fait tenir droite. La colère me vient de ce que je ne peux pas ne pas constater.
Qui est là, devant moi. Il y a la colère créatrice, la colère militante, et inversement.
Les arts de la scène ici obéissent à une logique coloniale : faible représentations des minorités, récits euro-centrés, absence de diversité dans les publics.
Nous avons créé un collectif en 2015 « Décoloniser les arts ». Nous c’est Gerty Dambury, Marine Bachelot Nguyen, David Bobée, Sarah Sainte Rose Franchine, Karima El Kharraze, Françoise Vergès, Jalil Leclaire, Malou Vigier, Leila Cuickerman, Fabienne Pourtein, Françoise Sémiramoth… et d’autres. « Décoloniser les arts » : Tout est dans le titre, comme on dit.
Nous avons oeuvré : publications scientifiques, sensibles ou militantes, tables rondes, colloques, rencontres avec les décideur.ices, le ministère, les différents partenaires. Pédagogie, manifestations, coup de force parfois. Une charte, un lexique. Une université décolonisée dans un lieu dirigé par l’artiste Kader Attia : La Colonie
Nous avons fait progresser le milieu de la scène sur les questions de représentations : plus d’interprètes de toutes origines sur les plateaux de théâtre. Des créateurs/ices noir.e.s, maghrébin.e.s, asiatiques, de toutes les minorités ont accès aux grands plateaux, aux grands festivals. Au Festival d’Avignon, au Festival d’Automne dans les CDN et sur les scènes nationales.
Mais pourquoi la colère encore en moi ? Et l’insatisfaction ? La frustration ? Amertume et aigreur parfois.
Un pas en avant, et un autre en arrière.
Comme mes consoeurs-et-frères en décolonie j’éprouve cette impression d’être toujours floué.e. La méfiance persiste, la sensation d’être écouté.e pour être récupéré.e, que ma pensée est vidé.e de son essence, de sa colère, qu’on la rend cosmétique. Combien d’événements institutionnels sont aujourd’hui qualifiés de « décoloniaux ». Je ne citerai pas les programmatrices/teurs qui haussaient les épaules en entendant nos revendications. Les « hum-moi-je-ne-pense-pas-comme-ça », les « gnagnagna-c’est-pas-universel ».
Et qui aujourd’hui font du recycling de nos lexiques : «racisé-e », « intersectionnalité », « identité de genre ».
En moi la colère articule le mot « opportunisme », qui est le préalable à ceux de « domination persistante ».
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